J’ai longtemps cru que le petit-déjeuner était le repas le plus important de la journée, cela me semblait tellement logique.
Peut-être le pensez-vous aussi.
Oui, logique, puisque le matin, il parait évident qu’il faut manger pour avoir de l’énergie pour commencer la journée.
Il faut mettre du « carburant dans la machine », pour qu’elle fonctionne bien dès le matin.
Penser ainsi c’est ne pas connaitre le corps humain, qui n’est pas une simple machine comparable à une voiture.
Le corps humain est bien plus extraordinaire, plus complexe, plein de capacités d’adaptation et de surprises.
Le petit-déjeuner vous est présenté comme une prescription médicale, alors qu’il s’agit en réalité d’une habitude que l’on vous a inculquée.
Finalement, cette prescription s’est bien implantée dans les têtes au point de devenir un modèle culturel français.
Le Dr James Betts, professeur de physiologie métabolique au Département de la santé de l’Université de Bath, explique que : « La croyance que le petit-déjeuner est le repas le plus important de la journée est si répandue que de nombreuses personnes sont surprises d’apprendre qu’il y a un manque de preuves scientifiques… »
Pour ma part, je ne prends pas de petits-déjeuners, je ne mange que le midi et le soir. Je n’ai jamais été aussi en forme que depuis que j’ai pris cette décision.
PETIT-DÉJEUNER ET GRANDS MENSONGES
Les conflits d’intérêts
Science sans conscience :
De nombreuses études d’observations ont suggéré que la consommation régulière du petit-déjeuner est associée à un faible indice de masse corporelle et constitue un facteur de protection contre la prise de poids.
Mais de quelles études s’agit-il ?
- En 2013, Kellogg’s (vous connaissez ?) fait réaliser par le CRÉDOC (Centre de Recherche pour l’Étude et l’Observation des Conditions de Vie) une étude CCAF (Comportements et consommation alimentaires en France). Cette étude a pour but de vous convaincre de petit-déjeuner, car cela serait très bon pour la santé. Merci, Kellogg’s, heureusement qu’ils sont là pour se soucier de votre santé 😉.
- En 2018 une étude financée par Cereal Partners Worldwide, composée d’une cohorte de chercheurs internationaux, dit entre autres que : « Plusieurs grandes études soutiennent que la consommation du petit-déjeuner et un risque moindre d’obésité et de prise de poids. Cette fois-ci, c’est Nestlé qui finance en partie cette étude.
Un objectif (💰), mais peu d’objectivité :
Nestlé, Kellogg’s… Il n’y aurait pas comme un petit conflit d’intérêts ?
Pensez-vous qu’il soit possible pour eux de dire autre chose que manger nos produits ?
Les études diffusées dans les journaux papier et télévisées ainsi que les publicités que vous voyez sont financées par les géants de l’agroalimentaire.
Il va sans dire qu’ils vous diront et feront en sorte de vous prouver que le petit-déjeuner est le repas le plus important de la journée, dans le but de vous faire consommer leurs produits.
De ce fait, les études en faveur du petit-déjeuner commandées par ces groupes sont incohérentes.
Les méta-analyses (l’analyse de plusieurs études sur le sujet) ne sont pas qualitatives, car le libre arbitre du chercheur ne permet pas de comparer en toute objectivité.
Les critères ne sont pas respectés dans leurs recherches pour prétendre à un vrai niveau de preuve.
Pour cela, il y a des critères à respecter, comme le tirage au sort parmi les personnes étudiées (randomisation).
Des études en faveur du petit-déjeuner choisissent des personnes qui prennent un petit-déjeuner, pratiquent un sport régulièrement et ne grignotent pas ou peu.
Elles comparent ensuite leurs masses corporelles avec des personnes ne prenant pas un petit-déjeuner certes, mais surtout ne faisant pas ou peu de sport et qui en plus grignotent.
Il apparait dans ce genre de cas que la différence de masse graisseuse ne soit pas corrélée à la prise ou non d’un petit-déjeuner, mais plutôt à une différence d’hygiène de vie.
Il devrait ressortir de ce genre d’étude que les personnes ayant tendance à grignoter et à ne pas pratiquer de sport régulièrement ont tendance à accumuler plus de masse grasse que les personnes faisant du sport régulièrement et grignotant peu, cela n’ayant rien à voir avec la prise ou non d’un petit-déjeuner.
Ces études, en fin de compte, ne renseignent même pas sur l’effet réel de la prise régulière d’un petit-déjeuner.
(Les lecteurs de cet article ont également lu : 🕛 ce que je mange le midi)
Études indépendantes
Lorsque les études ne sont pas financées de près ou de loin par le “milieu” du petit-déjeuner, les résultats ne sont pas du tout les mêmes 🤔…
- 2019, une étude sur l’effet du petit-déjeuner, sur le poids et l’apport énergétique, a analysé les études publiées sur le sujet entre 1990 et 2018. Cette étude a été faite par des chercheurs n’étant pas financés par le milieu du petit-déjeuner. Elle nous apprend que :
“La consommation du petit-déjeuner peut ne pas être une bonne stratégie pour perdre du poids, quelle que soit l’habitude établie pour le petit-déjeuner”.
“La prudence est de mise lors de la recommandation du petit-déjeuner pour perdre du poids chez les adultes, car cela pourrait avoir l’effet inverse”.
- 2014, une étude sur 3 ans est publiée dans la revue de nutrition American Journal of Clinical Nutrition.
Cette étude, contrôlée et randomisée, a été financée par le Biotechnology & Biological Sciences Research Council (BBSRC) qui ne font pas partie de l’industrie du petit-déjeuner, donc il n’y a pas de conflits d’intérêts.
“Dans le cadre de l’étude de trois ans, l’équipe de Bath est répartie au hasard des personnes âgées de 21 à 60 ans (randomisation) soit dans un groupe à jeun sans petits-déjeuners” qui n’a consommé aucune calorie jusqu’à l’heure du déjeuner (midi) tous les jours pendant six semaines. Un deuxième groupe avec un petit-déjeuner d’au moins 700 kcal pendant six semaines, la première moitié au moins étant consommée dans les deux heures suivant le réveil. Grâce à l’étude, le groupe jeûnant a consommé environ 20 % moins de calories que le groupe petit-déjeuner dans son ensemble chaque jour, ce qui indique qu’il n’a pas cherché à compenser le petit-déjeuner en mangeant plus tard. Enfin, l’étude souligne des effets intéressants sur le contrôle métabolique pour les personnes jeûnant ».
- 2013, une étude de chercheurs de l’université d’Alabama à Birmingham, remet totalement en cause les études concernant les bienfaits supposés du petit-déjeuner en nous indiquant que :
« Divers facteurs intentionnels et non intentionnels influencent les croyances au-delà de ce que les preuves scientifiques justifient. Deux de ces facteurs sont la recherche sans valeur probante et les rapports de recherches biaisés ».
Conclusion
À votre guise :
Quel est le repas le plus important de la journée alors ?
Il n’y a pas de repas « le plus important de la journée ».
Pour preuve, le petit-déjeuner n’est tellement pas indispensable que pour perdre du gras il est recommandé de ne pas le prendre 😉.